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continuai donc à prier jusqu’à ce que le Père me fit connaître le Fils.

Chrétien. Comment vous fut-il manifesté ?

Grand-Espoir. Je ne le vis pas des yeux de la chair, mais des yeux de mon entendement[1]. Un jour j’étais fort triste, plus triste, je crois, que je ne l’avais jamais été : cette tristesse était occasionnée par une vue plus claire de la grandeur et de la turpitude de mes péchés. Tandis qu’absorbé dans cette effrayante contemplation, je ne pensais qu’à l’enfer que j’avais mérité, et qu’à l’éternelle condamnation de mon ame ; il me sembla tout à coup voir le Seigneur Jésus me regardant du ciel, et me disant : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé[2]. Puis réfléchissant à cette parole de l’Écriture : « Celui qui vient à moi n’aura point de faim, et celui qui croit moi n’aura jamais soif »[3], je compris qu’aller à Christ et croire en lui ne sont qu’une seule et même chose ; et que celui qui va à lui de tout son cœur, pour être sauvé par lui, croit véritablement en Christ. Alors les larmes me vinrent aux yeux, et je m’écriai : Seigneur, se pourrait-il qu’un misérable pécheur comme moi fût réellement reçu en grâce et sauvé par toi ? Et il me sembla qu’il me disait : « Je ne jetterai point dehors celui qui vient à moi[4]. » Alors je dis : Mais, Seigneur, quelle idée dois-je me faire de toi, en allant à toi, pour que ma foi repose

  1. Eph. I, 18, 19.
  2. Act. XVI, 31.
  3. Jean VI, 35.
  4. Jean VI, 37.