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lait dire par là que nous ne devions pas nous y endormir, « Ne dormons pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres »[1].

Grand-Espoir. J’ai eu tort, je l’avoue. Si j’avais été seul ici, je m’y serais endormi, au péril de ma vie. Je vois maintenant la vérité de cette parole du Sage : « deux valent mieux qu’un »[2]. Jusqu’ici votre société m’a préservé de bien des dangers ; et vous ne perdrez point la récompense de ce que vous avez fait pour moi.

Eh bien donc, dit Chrétien, afin de n’être pas vaincus par le sommeil, dans ce dangereux pays, entamons une bonne conversation.

De tout mon cœur, répondit l’autre.

Chrétien. De quoi parlerons-nous d’abord ?

Grand-Espoir. Du commencement de l’œuvre de Dieu en nous. Je vous écoute.

Chrétien prit donc la parole en ces termes : Faites-moi le plaisir de me dire comment vous en êtes venus à entreprendre le pélérinage que vous faites maintenant.

Grand-Espoir. Vous voulez que je vous dise comment j’ai été amené à m’occuper du salut de mon ame.

Chrétien. C’est cela.

Grand-Espoir. J’ai long-temps cherché le bonheur dans les choses qui étaient exposées en vente à notre

  1. 1 Thess. V, 6.
  2. Eccl. IV, 9.