Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion, ce n’est pas que je doutasse de la sincérité de votre foi ; je ne voulais que vous éprouver, et vous donner occasion de manifester la droiture de votre cœur. Quant à cet homme, je sais que le Dieu de ce siècle a aveuglé son entendement. Poursuivons notre voyage, puisque nous savons que nous avons la vérité, et « que nul mensonge ne vient de la vérité »[1].

Maintenant, dit Grand-Espoir, je me réjouis dans l’espérance de la gloire de Dieu. Alors ils s’éloignèrent de cet homme, qui continua son chemin en se moquant d’eux.

Les pèlerins arrivèrent bientôt dans une contrée dont l’air endort ceux qui ne sont pas accoutumés à le respirer. Grand-Espoir n’y eut pas plutôt mis le pied que se sentant abattu et enclin au sommeil, il dit à Chrétien : Je me sens si appesanti, que je puis à peine tenir mes yeux ouverts : arrêtons-nous ici, et prenons quelques instants de repos.

Gardons-nous-en bien, dit Chrétien, de peur de nous endormir pour, ne jamais nous réveiller.

Grand-Espoir. Pourquoi, mon frère ? le repos est doux après la fatigue ; un peu de sommeil nous fera du bien.

Chrétien. Ne vous souvient-il pas que l’un des bergers nous a exhortés à prendre garde à nous, quand nous serions sur le Terrain-Enchanté. Il vou-

  1. 1 Jean II, 21.