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une armée se camperait contre nous, nous n’aurions rien, à craindre[1]. Mais sans son aide, les plus intrépides tombent sous ceux qui ont été tués[2].

Quant à moi, j’ai, il y a déjà long-temps, soutenu l’assaut de l’ennemi ; et quoique, par la bonté de Dieu, je sois, comme vous voyez, encore en vie, je ne puis pas me vanter de mon courage, et je m’estimerai heureux si à l’avenir je ne suis pas exposé à de telles attaques. Je crains bien cependant que nous ne soyons pas encore à l’abri du danger. Mais puisque l’ours et le lion ne m’ont pas dévoré, j’espère que Dieu nous délivrera de la main des Philistins que nous pourrons encore rencontrer.

Ils continuèrent ensuite à marcher, toujours suivis d’Ignorant. Bientôt ils arrivèrent dans un endroit où ils virent devant eux un sentier qui leur parut tout aussi droit que celui qu’ils devaient suivre : ils ne savaient lequel choisir, et fort embarrassés, ils s’arrêtèrent pour réfléchir au parti qu’ils avaient à prendre. Pendant qu’ils délibéraient, survint un homme dont le teint était d’une couleur sombre, et qui portait un vêtement d’une étoffe très-légère ; il s’approcha d’eux, et leur demanda ce qu’ils attendaient. Ils lui répondirent qu’ils allaient à la Cité céleste, et qu’ils ne savaient lequel de ces deux sentiers ils devaient prendre. Suivez-moi, leur dit cet homme : c’est aussi là que je vais. Ils le suivi-

  1. Ps. III, 6 ; XXVII, 1-3.
  2. Es. X, 4.