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doivent jamais désirer de rencontrer l’ennemi, ni s’imaginer, lorsqu’ils entendent parler des défaites des autres, qu’ils se seraient beaucoup mieux battus qu’eux ; ceux qui ont le plus de confiance en eux-mêmes sont ordinairement ceux qui succombent le plus facilement dans le combat. C’est ce dont nous ayons un exemple bien frappant dans l’histoire de l’apôtre Pierre. Son orgueilleuse présomption le porta à se vanter qu’il serait plus fidèle à son maître et plus courageux que tous les autres disciples, et cependant sur qui le tentateur remporta-t-il jamais de victoire plus complète, et qui fit jamais une chute plus lourde ?

Quand donc nous entendons parler des brigandages qui se commettent sur la route royale, que ce soit pour nous un avertissement de nous revêtir de nos armes avant de nous mettre en chemin, et surtout de prendre le bouclier de la foi, par lequel nous pouvons éteindre tous les traits enflammés du malin[1].

Apprenons de là à solliciter pour notre pélérinage la protection du Roi, et à le supplier de nous accompagner. C’est à cela que David dut de pouvoir se réjouir en traversant la vallée de l’Ombre de la mort ; et Moïse aurait préféré mourir plutôt que de faire un pas en avant sans son Dieu[2]. Ah ! mon frère, si Dieu vient avec nous, quand toute

  1. Eph. VI, 16.
  2. Exod. XXXIII, 15.