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Grand-Espoir. Ce doit avoir été une grande consolation pour lui de n’avoir pas perdu ses bijoux.

Chrétien. C’en aurait été une s’il en avait tiré parti comme il l’aurait dû ; mais ceux qui m’ont conté cette histoire, m’ont dit qu’il en avait fait peu d’usage dans la suite ; et cela à cause de la douleur que lui causait la perte de son argent ; on m’a dit encore que quand il lui arrivait de penser à ses bijoux, et de se sentir consolé à l’idée qu’il les possédait encore, le souvenir de l’argent qu’il avait perdu s’emparait de nouveau de lui, et absorbait bientôt toute autre pensée.

Grand-Espoir. Le pauvre homme ! il a dû souffrir beaucoup.

Chrétien. Beaucoup en effet. N’aurions-nous pas été affligés comme lui, si nous avions subi un pareil traitement ? si, comme lui, nous avions été volés et blessés, et encore dans un pays étranger ! Il est extraordinaire que ce pauvre homme ne soit pas mort de chagrin. On m’a dit que pendant presque tout le reste de son voyage, il n’avait cessé de se lamenter et de conter à tous ceux qu’il rencontrait, où et comment, et par qui il avait été volé, et à quel danger de mort il avait été exposé.

Grand-Espoir. Mais il est bien étonnant que se trouvant dans un si grand besoin, il ne se soit pas décidé à vendre ou à mettre en gage quelques-uns de ses bijoux, pour se procurer de quoi subsister en route.

Chrétien. Vous parlez comme une tête légère. En