Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eut repris connaissance, il se leva et s’efforça, tant bien que mal, de continuer sa route. Voilà l’histoire qu’on m’a contée, dit Chrétien.

Grand-Espoir. Lui prirent-ils tout ce qu’il possédait ?

Chrétien. Non ; ils ne découvrirent point l’endroit où il avait caché ses bijoux ; mais on m’a dit que ce brave homme ne laissa pas d’être fort affligé de la perte qu’il avait faite ; car les voleurs lui avaient enlevé la plus grande partie de l’argent dont il avait besoin pour son voyage, et ne lui avaient laissé, outre ses bijoux[1], qu’un peu de monnaie, qui lui suffisait à peine pour achever son pélérinage ; et même, si j’ai été bien informé, il se trouva réduit à mendier, le long de sa route, pour ne pas mourir de faim ; car il ne lui était pas permis de vendre ses bijoux, et quoi qu’il fît, il manqua souvent de pain et de logement pendant le reste de son voyage.

Grand-Espoir. N’est-il pas bien surprenant qu’ils ne lui aient pas enlevé le passeport qui devait le faire admettre dans la Cité céleste ?

Chrétien. Sans doute ; mais s’ils le lui ont laissé, ce n’est pas qu’il ait eu l’habileté de le soustraire à leurs regards ; car quand ils se sont jetés sur lui, il a entièrement perdu la tête ; c’est donc plutôt à la protection de la bonne Providence qu’à ses propres efforts, qu’il doit d’avoir conservé ce trésor[2].

  1. 1 Pier. I, 4.
  2. 2 Tim. I, 14 ; Tit. I, 9.