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teau, la clé l’ouvrit également. Ils s’avancèrent ensuite vers la porte de fer (par laquelle il fallait aussi passer), la serrure en était dure et difficile ; ils en vinrent cependant à bout, et poussèrent la porte afin de se sauver le plus vite possible ; mais le bruit qu’elle fit en tournant sur ses gonds réveilla le Géant Désespoir, qui se leva en toute hâte dans l’intention de poursuivre ses prisonniers. Heureusement qu’il fut saisi tout à coup d’une de ses attaques, en sorte qu’il lui fut impossible de bouger, ce qui donna à nos pèlerins le temps de s’échapper ; ils furent bientôt sur le grand chemin royal, et là ils marchèrent en sûreté, car ils étaient hors des domaines du Géant et à l’abri de ses atteintes.

Quand ils eurent repassé la barrière qui était à l’entrée du champ, ils se concertèrent pour savoir ce qu’ils avaient de mieux à faire pour empêcher ceux qui viendraient après eux de tomber entre les mains du Géant Désespoir. Après de mûres réflexions, ils se déterminèrent à élever dans cet endroit une colonne, avec cette inscription : « De l’autre côté de cette barrière est le chemin qui conduit au Château du Doute, habité par le Géant Désespoir, qui méprise le Roi de la Cité céleste, et fait mourir les pèlerins qui s’y rendent. » Grâce à cet avertissement, plusieurs voyageurs qui ont depuis passé par là ont évité le danger.