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reurs n’avez-vous pas échappé ? Pourquoi donc trembleriez-vous maintenant ? Vous voyez que moi, qui suis naturellement plus faible que vous, je suis avec vous dans ce cachot ; le Géant m’a frappé, comme vous ; je suis, comme vous, privé de pain, d’eau et de lumière. Mais ayons encore un peu de patience ; rappelez-vous la fermeté dont vous avez fait preuve à la Foire de la Vanité ; ni les chaînes, ni la cage de fer, ni la mort sanglante dont vous étiez menacé ne vous ont fait peur ; c’est pourquoi (quand ce ne serait que pour ne pas déshonorer le nom de chrétien) « possédons nos ames par la patience » aussi long-temps que nous le pourrons.

Quand il fut nuit, et que le Géant et sa femme se trouvèrent seuls, celle-ci lui demanda si les prisonniers avaient suivi son conseil. Ce sont de déterminés coquins, lui répondit-il ; ils aiment mieux supporter tout que de se détruire. S’il en est ainsi, dit-elle, conduisez-les demain dans la cour du château ; montrez-leur les os et les crânes de ceux que vous avez déjà expédiés ; et dites-leur qu’avant la fin de la semaine vous les mettrez en pièces, comme vous avez mis en pièces tant d’autres pèlerins.

Le lendemain matin, le Géant se rendit de nouveau auprès d’eux, les conduisit dans la cour du château, et, selon le conseil de sa femme, leur dit : Ces ossements sont ceux de pèlerins qui, comme vous, ont passé sur mes terres ; quand l’envie m’en est venue, je les ai mis en pièces, et c’est le sort que je vous ferai subir avant dix jours ; redescendez