Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

échapper l’occasion ; mais, mon frère, prenons patience, ne perdons pas courage ; peut-être sommes-nous à la veille d’obtenir une heureuse délivrance ; mais, quoi qu’il arrive, ne soyons pas nos propres meurtriers. Ces paroles calmèrent un peu l’agitation de Chrétien ; et les deux prisonniers (toujours dans l’obscurité) passèrent encore toute la journée dans cette affreuse situation.

Vers le soir, le Géant redescendit dans le cachot pour voir si les pèlerins avaient suivi son conseil ; mais il fut fort surpris de voir qu’ils existaient encore malgré les coups qu’ils avaient reçus, et bien qu’il ne leur eût donné aucune espèce de nourriture. Il devint furieux, et leur dit que, puisqu’ils n’avaient pas voulu suivre son conseil, il les réduirait bientôt à regretter d’être jamais nés.

A l’ouïe de ces paroles, la frayeur les saisit, je crois même que Chrétien perdit connaissance ; mais, revenu bientôt à lui-même, il s’entretint encore avec Grand-Espoir du conseil que leur avait donné le Géant, et ils se demandèrent s’ils ne feraient pas mieux de le suivre. Chrétien semblait disposé à mettre fin à son existence ; mais Grand-Espoir chercha une seconde fois à l’en détourner.

Mon frère, lui dit-il, souvenez-vous du courage que vous avez montré jusqu’à présent. Apollyon n’a pas pu triompher de vous, et vous ne vous êtes laissé abattre par rien de ce que vous avez vu, entendu ou éprouvé dans la vallée de l’Ombre de la Mort. A combien de difficultés, de dangers et de ter-