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d’état de se mouvoir. Puis, il se retira et les laissa déplorer leur triste sort ; aussi passèrent-ils toute la journée à pousser des soupirs et à se lamenter. La nuit suivante, Défiance parla encore à son mari des prisonniers, et apprenant qu’ils respiraient encore, elle lui conseilla de les encourager à se tuer. Le lendemain matin, il redescendit auprès d’eux, et voyant qu’ils étaient encore tout meurtris des coups qu’il leur avait donnés la veille, il leur dit que comme ils ne pouvaient avoir aucune espérance de sortir jamais de ce cachot, ce qu’ils avaient de mieux à faire, c’était de s’ôter la vie par le fer, par le poison, ou par la corde. Car, ajouta-t-il, pourquoi ne vous délivreriez-vous pas d’une vie remplie de tant d’amertumes ? Ils ne répondirent qu’en le suppliant de leur rendre la liberté ; mais il leur jeta un de ses horribles regards, et se précipitant sur eux, il les aurait sans doute assommés, s’il ne lui fût survenu dans ce moment une espèce d’attaque convulsive qu’il avait quelquefois et qui le privait momentanément de l’usage de son bras ; il se retira donc, et les laissa, comme précédemment, considérer ce qu’ils avaient à faire. Alors les prisonniers se mirent à délibérer et à se demander s’ils feraient mieux de suivre ou de rejeter le conseil que le Géant leur avait donné, et ils eurent ensemble à ce sujet la conversation suivante :

Mon frère, dit Chrétien, que ferons-nous ? La vie que nous menons ici est horrible. Pour ma part, je ne sais s’il ne vaudrait pas mieux mettre fin à notre