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prairie parsemée de muguets, et qui conservait sa verdure toute l’année. Ils s’y couchèrent et s’endormirent, assurés qu’en ce lieu ils ne pouvaient rien avoir à craindre[1]. Quand ils se réveillèrent, ils cueillirent de nouveau du fruit des arbres, burent de l’eau de la rivière, et se rendormirent. Ils passèrent ainsi plusieurs jours et plusieurs nuits ; après quoi, comme ils n’étaient pas encore au bout de leur voyage, ils poursuivirent leur route.

Ils ne marchèrent pas long-temps avant d’arriver à un endroit où ils virent, à leur grand regret, que le chemin ne suivait plus le cours de la rivière : cependant ils n’osaient se hasarder à faire un pas hors de leur route. Le chemin qu’il leur fallait suivre était rocailleux, et leurs pieds étaient devenus très-sensibles, par suite de la longue marche qu’ils avaient déjà faite : en sorte qu’ils perdaient courage par le chemin[2], et que, tout en avançant, ils soupiraient après une meilleure route. Or, à quelque distance d’eux, à gauche du chemin, il y avait une prairie, dont ils n’étaient séparés que par une barrière, et qui s’appelle la Prairie du Chemin détourné. Chrétien dit à son compagnon : Si cette prairie côtoie notre route, passons-y. Il s’avança vers la barrière, et vit qu’il y avait de l’autre côté de la haie un sentier qui suivait la même direction que leur route. C’est ce que j’espérais, dit Chrétien ; nous marcherons bien

  1. Ps. XXIII. Es. XIV, 30.
  2. Nomb. XXI, 4.