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ment avec plus d’attention et de plus près ; mais ils furent long-temps avant de savoir ce qu’ils devaient en penser ; à la fin, Grand-Espoir aperçut sur la tête de cette statue une inscription en caractères extraordinaires ; ne pouvant, à cause de son manque d’éducation, en déchiffrer le sens, il appela à son secours Chrétien, qui, plus instruit que son compagnon de voyage, parvint à la lire ; elle portait : Souvenez-vous de la femme de Lot. Ils en conclurent que c’était la statue de sel en laquelle la femme de Lot avait été changée pour avoir, par convoitise, regardé derrière elle alors quelle fuyait Sodome pour sauver sa vie[1]. Ce spectacle inattendu donna lieu à la conversation suivante entre les deux amis.

Chrétien. Ah ! mon frère, que la vue de cette statue vient à propos, après les tentatives qu’a faites Démas pour nous engager à rebrousser chemin pour aller voir la Colline du Gain ! Si nous avions cédé à ses sollicitations, comme vous, mon frère, vous n’étiez que trop porté à le faire, probablement que, semblables à cette femme, nous servirions, à cette heure, de spectacle aux pèlerins qui nous suivront.

Grand-Espoir. J’ai du regret d’avoir été si insensé ; et suis tout surpris de n’avoir pas éprouvé le sort de la femme de Lot : car le péché que j’ai commis ne ressemble que trop à celui dont elle s’est rendue

  1. Gen. XIX, 26.