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chemin, se sont détournés pour aller la voir ; mais plusieurs d’entre eux s’étant trop approchés du bord du précipice, ont vu le terrain trompeur leur manquer sous les pieds, et ont péri ; d’autres ont été estropiés au point de perdre à jamais l’usage de leurs membres. Or je vis, à une petite distance de la route, vis-à-vis de la mine d’argent, un homme de bonne mine, nommé Démas, qui invitait ceux qui passaient par là à s’approcher. Venez par ici, dit-il à Chrétien et à son compagnon, et je vous montrerai quelque chose,

Chrétien. Qu’avez-vous à nous montrer qui mérite que nous nous détournions de notre chemin ?

Démas. Il y a ici une mine d’argent, et des gens qui la fouillent pour en tirer les trésors quelle contient ; si vous voulez venir avec moi, vous pourrez, presque sans peine, vous enrichir ici.

Là-dessus Grand-Espoir s’écria : Allons voir cette mine.

Pour moi, dit Chrétien, je ne veux pas y aller ; j’ai souvent entendu parler de cet endroit ; je sais que beaucoup de gens y ont perdu la vie ; et d’ailleurs les richesses sont un piège pour ceux qui les recherchent : car elles les arrêtent dans leur pèlerinage.

Alors Chrétien appela Démas, et lui dit : Cet endroit n’est-il pas dangereux ?

Démas. Non ; il n’est guère dangereux que pour ceux qui sont imprudents. Mais il rougit en prononçant ces paroles ; et Chrétien ajouta, en s’adres-