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d’appeler Chrétien et Grand-Espoir, qui n’étaient pas encore bien loin, et de chercher à les embarrasser en leur donnant cette question à résoudre. Ils espéraient ainsi les confondre et se venger de la manière dont ils avaient traité M. Cherche-Profit. Ils appelèrent donc les deux pèlerins, qui s’arrêtèrent pour les attendre : et ils convinrent entre eux que ce ne serait pas M. Cherche-Profit, mais le vieux M. Tout au Monde qui leur proposerait la question, parce qu’ils supposaient que les deux amis ne seraient pas prévenus contre lui, comme ils devaient l’être contre M. Cherche-Profit, après la vive discussion qu’ils venaient d’avoir avec lui.

Ils rattrapèrent donc les deux pèlerins, et après les avoir salués, M. Tout au Monde proposa la question à Chrétien et à son compagnon de voyage, et les pria d’y répondre, s’ils le pouvaient.

Chrétien prit la parole : Un enfant, en matière de religion, dit-il, pourrait résoudre une semblable question. S’il est blâmable de suivre Christ pour avoir des pains (comme cela nous est déclaré au chapitre vi de l’Évangile selon saint Jean), à combien plus forte raison est-il criminel de se servir de Christ et de sa religion comme d’un passeport pour faire son chemin dans le monde, il n’y a jamais eu que des païens, des hypocrites, des magiciens et des diables qui aient pensé que cela fût permis.

1° Je dis d’abord des païens ; ainsi quand Némor et Sechem convoitèrent la fille de Jacob et ses troupeaux, et quand ils virent qu’il n’y avait d’autre