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très-peu productive et désirant en avoir une plus avantageuse ; supposez en outre que l’occasion de l’obtenir se présente, et qu’il ne lui faille, pour y parvenir, que travailler davantage, prêcher plus souvent et avec plus de zèle, et modifier, pour satisfaire son troupeau, quelques-uns de ses principes ; quant à moi, je ne vois pas (pourvu qu’une vocation lui soit adressée) pourquoi il ne pourrait pas faire tout ce que je viens de dire, et plus encore, sans cependant cesser d’être un honnête homme. Et voici mes raisons :

1° On ne peut nier que le désir d’un meilleur bénéfice ne soit légitime dans un pasteur, lorsque ce bénéfice lui est en quelque sorte offert par la Providence ; en sorte qu’il peut l’accepter, sans s’en enquérir pour la conscience.

2° Le désir qu’il a d’obtenir ce bénéfice le porte à étudier davantage, à prêcher avec plus de zèle ; il devient par là plus homme de bien, et tire plus de parti de ses talents, ce qui ne peut manquer d’être agréable à Dieu.

3° Quant au sacrifice qu’il fait au goût de sa congrégation, en lui sacrifiant quelques-uns de ses principes, cette conduite prouve 1° que ce ministre est capable de renoncement ; 2° qu’il a un esprit conciliant propre à attirer à la religion ; 3° qu’il en est d’autant mieux en état d’exercer les fonctions du ministère.

4° le conclus donc qu’un ministre qui échange un petit bénéfice contre un grand, ne doit point, à