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seigneur C’est-selon, M. Beau-Diseur, dont les ancêtres ont donné leur nom à la ville ; M. Doucereux, M. Double-Visage, M. Tout ce qu’on Veut, et M. Deux-Langues, qui est mon proche parent : et, à dire vrai, quoique je sois maintenant un homme de qualité, mon grand-père n’était qu’un batelier, qui ramait d’un côté et regardait d’un autre ; et c’est aussi en faisant ce métier que j’ai gagné la plus grande partie de ce que je possède.

Chrétien. Êtes-vous marié ?

Cherche-Profit. Sans doute ; j’ai une femme très-vertueuse, fille de madame Dissimulation, qui était une personnel d’un grand mérite et d’une haute naissance. Ma femme a tant de tact et de politesse qu’elle s’entretient également bien avec tout le monde, avec les grands et les petits, avec les gens pieux et les impies. Il est vrai que, quant à la religion, nous différons de ceux dont les principes sont les plus stricts ; mais seulement à deux égards peu importants. D’abord, en ce que nous ne ramons jamais contre vent et marée ; ensuite, en ce que notre zèle se montre surtout lorsque la religion est en honneur, lorsque la piété est approuvée et applaudie, et qu’elle n’expose à aucun danger.

Alors Chrétien s’éloigna un peu, pour parler à son compagnon de voyage, et lui dit : Je crois reconnaître cet homme ; il s’appelle Cherche-Profit, et si je ne me trompe, nous sommes dans la société d’un des plus grands vauriens qu’on puisse voir. Demandez-lui, dit Grand-Espoir, si c’est ainsi qu’il se