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de notre Roi, des gens qui professaient une religion contraire à celle de l’état, s’étant multipliés d’une manière effrayante, on fit un édit, portant que tous leurs enfants mâles seraient noyés[1]. Un autre édit, qui remonte aux jours du grand Nébucadnetzar, autre serviteur de notre prince, porte que tous ceux qui refuseront de se prosterner pour adorer son image, seront jetés dans une fournaise ardente[2]. Enfin, il existe un édit de Darius condamnant, tous ceux qui invoqueront un autre Dieu que lui, à être jetés dans la fosse aux lions. Or, l’accusé a violé toutes ces lois, non-seulement en intention (ce qui serait déjà très-blâmable), mais aussi par ses paroles et par ses actions, ce qu’il est impossible de tolérer. La loi de Pharaon était une loi de précaution, destinée à prévenir des crimes non encore commis ; mais ici le crime est évident. Les deux autres lois sont dirigées contre ceux qui s’élèvent contre la religion de l’état, et vous voyez par ses propres déclarations que c’est ce que fait l’accusé. Je conclus donc qu’il a mérité la mort.

Le jury se retira pour délibérer. Voici les noms de ceux qui le composaient : M. Aveugle, M. Nul-Bien, M. Malice, M. Sensuel, M. Libertin, M. Entêté, M. Orgueilleux, M. Haineux, M. Menteur, M. Cruel, M. Anti-Lumière et M. Implacable. Ils conclurent tous à la condamnation de l’accusé.

  1. Exod. I.
  2. Dan III.