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péchés, et que finalement nous serons damnés. Je n’ai rien à ajouter.

Flagorneur vint après, prêta serment, et prit la parole en ces termes : Monseigneur et Messieurs, il y a long-temps que je connais cet homme, et je l’ai entendu tenir bien des propos dont il aurait mieux fait de s’abstenir. Il traite avec mépris notre illustre prince Belzébuth, et n’épargne pas davantage ses dignes amis, Vieil-Homme, Voluptueux, Impudique, Vaine-Gloire, Avarice, Glouton, et tout le reste de la noblesse ; il s’est permis de dire que si tout le monde pensait comme lui, on forcerait tous ces grands seigneurs à quitter la ville. Il ne s’en est pas tenu là ; il a parlé en termes de mépris, de vous-même, monseigneur, de vous qui êtes aujourd’hui appelé à le juger ; il vous a traité de scélérat et d’impie, et s’est servi à votre sujet d’une foule d’autres épithètes de ce genre, qu’il applique indifféremment à tous les grands du pays.

Quand Flagorneur eut fini sa harangue, le Juge dit, en s’adressant à l’accusé : Apostat, hérétique et traître, as-tu entendu ce que ces braves gens ont déposé contre toi ?

Fidèle. M’est-il permis de dire quelques mots pour ma défense ?

Le Juge. Misérable ! tu es indigne de voir le jour, et tu mériterais d’être mis à mort à l’instant même ; cependant, afin qu’on ne puisse pas mettre en doute notre indulgence à ton égard, nous écouterons ce que tu as à dire.