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en imposer, est un des hommes les plus décriés de notre pays ; il ne respecte ni le souverain, ni le peuple, ni les lois, ni les coutumes et fait tout ce qui est en son pouvoir pour pervertir les esprits en répandant certaines opinions subversives de l’ordre, qu’il appelle les principes fondamentaux de la foi et de la vertu. Il a été un jour jusqu’à affirmer, en ma présence, que l’esprit du christianisme était directement opposé à celui qui règne dans la ville de la Vanité ; et vous sentez, Monseigneur, qu’un tel propos tend à condamner tous les habitants de ce lieu, et tout ce qu’ils font.

N’avez-vous rien à ajouter ? demanda le juge.

Envie. J’en pourrais dire bien plus long, Monseigneur ; mais je crains d’abuser de la patience de la cour. Cependant, quand les autres témoins auront parlé, si l’on manque encore de preuves pour condamner l’accusé, plutôt que de le laisser échapper, je ferai une nouvelle déposition.

On appela ensuite Superstition, qui, après avoir prêté serment, s’exprima ainsi : Monseigneur, je connais peu cet homme, et je n’ai aucun désir de faire plus ample connaissance avec lui. Tout ce que j’en sais, d’après un entretien que nous eûmes l’autre jour ensemble, c’est que ce misérable est une véritable peste publique. N’a-t-il pas osé me dire que notre religion était vaine, et qu’il était impossible que par elle nous pussions plaire à Dieu ? Ce qui revient évidemment, Monseigneur, à déclarer que notre culte est inutile, que nous sommes encore dans nos