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car peu de personnes pouvaient comprendre ce qu’ils disaient. Ils parlaient naturellement la langue du pays de Canaan, tandis que ceux qui tenaient la foire parlaient le langage de ce monde ; en sorte qu’ils ne pouvaient nullement s’entendre.

En troisième lieu, ce qui confondait surtout les marchands, c’était le peu de cas que les pèlerins Élisaient de tous ces objets. Ils ne daignaient pas seulement les regarder ; et lorsqu’on les invitait à en acheter, ils se bouchaient les oreilles en disant : « Détourne mes yeux, afin qu’ils ne regardent pas à la vanité. » Puis ils levaient les yeux au ciel, comme pour dire que c’était là qu’étaient les biens qu’ils désiraient acquérir.

Un certain individu dit aux pèlerins, en les regardant d’un air moqueur : Que voulez-vous acheter ? Ils lui répondirent gravement : Nous achetons la vérité[1]. Là-dessus les moqueries redoublèrent ; on les accabla de reproches, d’injures, et on en vint même jusqu’à les frapper ; enfin, toute la ville fut dans un état de désordre et de confusion. On fit avertir le seigneur de la foire, qui se hâta de venir, et donna ordre à quelques-uns de ses amis les plus dévoués de s’enquérir de la conduite de ces hommes qui avaient mis la foire sens-dessus-dessous. Ils firent donc comparaître les pèlerins en leur présence, et leur demandèrent d’où ils venaient, où ils

  1. Prov. XXIII, 23.