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de l’argent, de l’or, des pierres, précieuses, et je ne sais quoi encore. De plus, on voit, dans tous les temps, à cette foire, des tours de passe-passe, des attrapes, des jeux, des spectacles, des dupes, des insensés, des coquins et des fripons de toutes les espèces. On y voit aussi, et cela gratis, des vols, des meurtres, des adultères et des parjures.

Cette foire est divisée comme d’autres foires moins importantes, en différents quartiers qui portent chacun leur nom particulier, pour indiquer que c’est là que se vendent les marchandises de tel ou tel pays. Ainsi on y trouve le quartier anglais, le quartier français, le quartier italien, le quartier espagnol et le quartier allemand, dans chacun desquels se débitent différentes espèces de vanités. Mais comme dans toutes, les foires il y a toujours quelques marchandises qui ont la vogue, ici ce sont les marchandises de Rome qui ont le plus de cours. Il n’y que les habitants de l’Angleterre et ceux de quelques autres pays qui s’en soient dégoûtés.

Or, comme je l’ai déjà dit, le chemin qui mène à la Cité céleste traverse la ville dans laquelle se tient cette foire ; en sorte qu’il est impossible d’arriver à cette cité sans passer par la ville de la Vanité[1]. Le Roi des rois lui-même, lorsqu’il était sur la terre, passa par cette ville, en retournant dans son royaume, et cela un jour de foire. Quel-

  1. 1 Cor. V, 10 ; Jean XVII, 15.