Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les choses que je vous ai annoncées seront arrivées, souvenez-vous des conseils de votre ami ; conduisez-vous avec courage, et recommandez vos ames à votre Dieu, « comme au fidèle Créateur, en faisant bien. »

Quand ils furent hors du désert, ils virent devant eux une ville dont le nom était Vanité, dans laquelle se tient une foire du même nom ; elle dure toute l'année ; elle s’appelle la Foire de la vanité, parce que la ville où elle se tient est « plus légère que la vanité »[1] ; et aussi parce que tout ce qu’on y vend, tout ce qu’on y apporte n’est que vanité.

L’établissement de cette foire est de très-ancienne date. En voici l’origine :

Il y a environ cinq mille ans que des pèlerins se rendaient, comme Chrétien et Fidèle, à la Cité céleste ; Belzébuth, Apollyon et Légion, et leurs partisans, s’étant aperçus que la route que suivaient les pèlerins passait par la ville de la Vanité, imaginèrent d’y établir une foire qui durât une année, et où toutes sortes de vanités fussent exposées en vente. Voilà ce qui fait qu’on y trouve toute espèce de marchandises, telles que des maisons, des terres, des charges, des dignités, des titres, des états, des royaumes, des voluptés et des divertissements ; comme aussi des femmes, des maris, des enfants, des maîtres, des domestiques, du sang humain, des corps, des ames,

  1. Ps. LXII, 9.