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ruption naturelle, et cette coupable incrédulité qui l’entraînerait infailliblement à sa perte, s’il n’obtenait miséricorde de Dieu par la foi en Jésus-Christ. Les découvertes qu’il fait dans son ame le pénètrent de douleur et de confusion ; mais la grâce lui révèle en même temps le Sauveur du monde, et l’absolue nécessité de s’attacher à lui pour être sauvé. De là naissent en lui cette soif et cette faim de Christ, qui lui permettent de s’appliquer la promesse de l’Écriture. Et à proportion de la fermeté ou de la faiblesse de sa foi au Sauveur, il sent croître ou décroître sa joie et sa paix, son amour pour la sainteté, son désir de se rapprocher de Christ, et de le mieux servir. Mais bien que cette œuvre de la grâce se manifeste ainsi à lui, il est rare qu’il réussisse à voir avec évidence qu’elle s’opère vraiment en lui, parce que sa corruption et son aveuglement l’empêchent souvent de juger sainement de son état. C’est pourquoi ce n’est qu’à l’aide d’une raison éclairée que celui en qui cette œuvre s’opère peut y discerner avec certitude l’œuvre de la grâce.

En second lieu, son existence dans le cœur d’un homme se manifeste aux yeux des autres par les signes suivants : 1° une profession sincère de foi en Christ ; 2° une vie conforme à cette profession, c’est-à-dire une vie de sainteté. L’homme qui vit sous l’influence de la grâce aura des affections saintes, des habitudes saintes dans sa famille, s’il en a une, une conduite sainte dans le monde ; il aura en haine le péché, et, dans le secret de son cœur, il se dé-