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inutiles ; qu’il perdait son temps à me parler, puisque c’était précisément dans les choses qu’il méprisait que je mettais toute ma gloire, et ainsi je parvins à chasser cet importun.

Chrétien. Je suis ravi, mon frère, que vous ayez si courageusement résisté à ce vaurien ; assurément le nom qu’il porte lui va bien mal ; il s’appelle Honteux, et il est effronté au point de nous courir après dans les rues, et de chercher à nous couvrir de confusion devant tout le monde, en nous faisant rougir de ce qui est bien ; s’il n’était pas impudent au plus haut degré, il n’oserait pas agir comme il le fait. Mais ne nous lassons pas de lui résister ; car malgré toutes ses bravades, il n’y a que les insensés qui se laissent conduire par lui. « Les sages hériteront, la gloire, dit Salomon ; mais les insensés élèvent leur ignominie »[1].

Fidèle. Je crois que nous ne pouvons vaincre la honte qu’en appelant à notre secours celui qui veut que nous prenions courageusement sur la terre la défense de la vérité.

Chrétien. Vous avez raison. Est-ce là tout ce que vous avez vu dans la vallée ?

Fidèle. Oui ; pendant tout le reste de ma route, le soleil n’a cessé de luire, et il m’a éclairé aussi pendant que je traversais la vallée de l’Ombre de la mort.

  1. Prov. III, 35.