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CHAPITRE LXXVI


Ce n’était pas avec un cœur entièrement soulagé, mais avec une joie tempérée et sobre, que je voyais maintenant mon ami innocent du crime dont mes soupçons l’avaient accusé, en même temps que le seul obstacle à mon mariage avec sa sœur était désormais levé. Il est vrai que l’épée était toujours suspendue sur sa tête, et que tant qu’il vivait il ne pouvait y avoir pour lui d’assurance raisonnable d’échapper à la honte et à la mort des criminels. Aux yeux du monde la barrière qui me séparait d’Hélène était donc loin d’être complètement détruite, mais, au moment où je parle, mes désappointements m’avaient dégoûté du monde, et je me tournai avec un redoublement de tendresse vers celle dont le pur et saint amour pouvait être à la fois ma récompense et mon asile.

D’ailleurs cette considération personnelle n’était pas mon seul motif dans la conduite que j’étais résolu à adopter ; au contraire, elle était plutôt subordonnée dans mon esprit au désir de donner à un ami, qui alors m’était plus cher que jamais, sa seule consolation sur cette terre, et à Hélène la protection la plus sûre pour le cas où quelque danger menacerait son frère. À ces sentiments, il s’en mêlait d’autres qui, dans des temps plus heureux, auraient été des transports de bonheur, en voyant aboutir si heureusement un amour profond et dévoué. Mais je n’avais pas le droit de me livrer à cette joie tant que la vie même