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CHAPITRE LXXIII


Je me levai de bonne heure comme à mon ordinaire ; le sommeil avait servi à calmer, et, je l’espère, aussi à améliorer mes sentiments. J’avais eu le loisir de réfléchir que n’ayant embrassé mon parti par aucun motif privé ou intéressé, ce n’était pas par un motif privé ou intéressé non plus qu’il m’était permis de l’abandonner. Nos passions sont de terribles sophistes ! Quand Vincent m’avait dit, la veille, que c’était des hommes, et non des principes que j’aurais à me séparer, et qu’un tel divorce méritait à peine le nom de changement, mon cœur avait adopté ce sophisme, et l’avait pris pour une vérité.

Mais maintenant je commençais à en reconnaître l’illusion ; si le gouvernement était aussi parfait dans son mécanisme qu’il est loin de l’être (quoique j’aie la confiance qu’il peut le devenir), peu importerait quelles pures machines régleraient ses ressorts. Mais le caractère principal d’une constitution comme la nôtre est l’incertitude. Les hommes y proportionnent invariablement les mesures de leur politique à la hauteur de leur talent ou de leurs désirs ; et au rebours de la maxime du tailleur, les mesures y font rarement l’homme. Il ne fallait donc pas une grande pénétration pour voir combien il était dangereux de confier aux préjugés aristocratiques de Lincoln, ou à la véhémente imbécillité de Lesborough, l’exécution des mêmes mesures qui pouvait être remise en toute sécurité au sens droit de Dawton, et, surtout aux talents éminents et variés