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non équivoques de satisfaction, et nous présenta immédiatement à la dame anglaise. C’était une jolie blonde à la mine éveillée, dont les yeux et la bouche annonçaient, à ne s’y pas tromper, plus de gaîté que d’honnêteté, et plus d’esprit que de sincérité.

Monsieur Margot ne tarda pas à faire son entrée. Quoiqu’il dût être très-surpris de me voir, il ne laissa paraître aucune jalousie de nos attentions pour son inamorata. Certes, le brave Monsieur était beaucoup trop satisfait de lui-même pour être tourmenté de ces soupçons auxquels sont sujets les amoureux peu favorisés. Je m’assis à table à côté de la jolie Anglaise qui s’appelait Green.

« Monsieur Margot, lui dis-je, m’a souvent parlé de vous avant que j’eusse le plaisir de me convaincre par moi-même qu’il n’y avait rien d’exagéré dans les sentiments que vous lui inspirez.

— Ah ! s’écria mistress Green avec un malin sourire, vous connaissez donc M. Margot ?

— J’ai cet honneur, lui dis-je, je reçois de lui tous les matins des leçons d’amour et de prononciation ; et il enseigne l’un et l’autre à merveille. »

Mistress Green se mit à éclater de rire.

« Ah ! le pauvre professeur, s’écria-t-elle, quel être ridicule !

— Il me raconte, dis-je gravement, qu’il est accablé de bonnes fortunes, peut-être même se flatte-t-il que vous n’êtes pas tout à fait insensible à ses hommages.

— Dites-moi, monsieur Pelham, me dit la blonde mistress Green, pouvez-vous passer ce soir par cette rue à minuit et demi ?

— Je m’arrangerai pour cela, lui répondis-je quelque peu surpris de cette question.

— Eh bien ! n’y manquez pas, me dit-elle, et maintenant parlons de la vieille Angleterre. »

En sortant je racontai à Vincent l’histoire de mon rendez-vous.

« Quoi ! dit-il, Monsieur Margot éclipsé ? c’est impossible !