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dans les marais, et pourtant c’était un mauvais tireur, car il n’a jamais rien rapporté. Nous craignons, monsieur, qu’il n’ait l’esprit un peu dérangé, parce qu’il avait l’habitude de sortir seul la nuit, et de rester quelquefois dehors jusqu’au matin. Du reste, il était bien tranquille, et il s’est conduit avec nous en vrai gentleman. Nous, ne nous mêlons pas de ce qui ne nous regarde pas, seulement mon mari pensait que…

— Pardon, lui dis-je, comment se fait-il qu’il vous ait quittés si subitement ?

— Mon Dieu ! monsieur, je n’en sais rien ! mais il nous avait dit depuis plusieurs jours qu’il ne resterait plus qu’une semaine, aussi n’avons-nous pas été surpris lorsqu’il nous a quittés ce matin à sept heures. Pauvre monsieur ! mon cœur saignait, en lui voyant la figure si pâle et l’air si souffrant. »

Alors je pus voir les yeux de la bonne vieille se remplir de larmes ; mais elle les eut bientôt essuyées, et prenant avantage de ce surcroît d’émotion persuasive ajouté à son ton naturellement plaintif : « Mais vous, monsieur, me dit-elle, si vous connaissez un jeune homme qui aime la chasse au marais et qui désire un joli petit appartement bien tranquille…

— Je lui recommanderai certainement celui-ci, répondis-je.

— Vous ne le voyez pas à présent dans son beau, reprit la maîtresse du logis, mais l’été, voyez-vous, c’est un endroit charmant !

— Délicieux ! » dis-je en grelottant, et je me précipitai dans l’escalier ; je ressentais déjà des douleurs d’oreille, et un rhumatisme dans une épaule.

Et c’était là, pensai-je, la demeure de Glanville depuis près d’un mois ! Je m’étonne qu’il ne se soit pas fondu, et qu’il n’ait pas été changé en un brouillard humide.

Je regagnai mon logis en passant par le cimetière. Je m’arrêtai à l’endroit où je l’avais vu lors de notre dernière rencontre. Une petite pierre tumulaire s’élevait sur ce monticule de terre où il s’était agenouillé ; cette tombe était bien simple. La date de l’année et du mois (qui mon-