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la solidité des principes sur lesquels ils s’appuyaient, et de la clarté et de la logique avec laquelle il en faisait l’exposé. L’ardeur fiévreuse de son tempérament se montrait, il est vrai, de temps à autre, dans l’énergie de sa diction, ou se trahissait par quelque explosion soudaine et imprévue de la puissance oratoire la plus impétueuse. Mais cela était si spontané, si naturel, que jamais même les plus froids et les plus sceptiques calculateurs de la chambre des Communes n’en témoignaient de déplaisir. C’est une contradiction assez commune dans la nature humaine (et elle semblait particulièrement remarquable chez Glanville) de voir un homme d’imagination et d’esprit, doué du plus vigoureux bon sens, lorsqu’il s’agit de conseiller et de servir les autres, négliger d’en faire usage pour lui-même. Il fut bientôt désigné à l’opinion parmi les jeunes membres de la chambre comme le plus important et comme celui qui promettait le plus. Sa froideur même qui, dans la vie ordinaire, tenait à distance des gens du parti qu’il avait adopté, ne servit qu’à accroître leur respect sinon leur affection.

L’attachement que lady Roseville avait pour lui, n’était nullement un secret, et la célébrité de son nom dans le monde élégant, faisait que ses moindres gestes étaient un sujet constant de remarques et de conversations. Il arrivait trop souvent que cette charmante mais imprudente personne, au milieu même des regards les plus attentifs dirigés sur elle, oubliait tout pour poursuivre le roman de son attachement. Glanville non-seulement semblait n’en être point touché, mais il avait même l’air de ne pas s’en douter, et gardait toujours en face du monde la même réserve froide et raide, qui avait fini par faire de lui l’objet de toutes les conversations et de toutes les antipathies.

Trois semaines après le premier discours de Glanville à la chambre, j’allai le trouver avec une proposition de lord Lawton. Après l’avoir discutée, nous nous mîmes à parler de sujets plus intimes et, à la fin, il en vint à prononcer le nom de Thornton. Je ferai observer que jamais nous n’avions parlé de cet homme et que jamais Glanville n’avait fait aucune allusion à notre rencontre à Paris ni au déguisement et au faux nom qu’il avait pris à cette époque. Quel