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— Joignez-vous à nous ; je vous trouve une place à la chambre des Communes immédiatement. Si nous réussissons, vous aurez le poste le plus élevé et le plus avantageux que je pourrai vous donner. Maintenant, quel est ton roi, parle ou meurs.

— Je vous répondrai par une phrase du même auteur : Foin d’un petit emploi ! Savez-vous, Vincent, quelque étrange que cela puisse vous paraître, que j’ai quelque chose comme une conscience. Il est vrai que je l’oublie par-ci, par-là, mais si je devenais un personnage politique, la mémoire des autres se chargerait bientôt de m’en faire souvenir. Je connais bien votre parti, et je n’en connais pas, permettez-moi de le dire, qui soit plus préjudiciable au pays, ni plus révoltant pour moi, aussi je vous affirme positivement que j’aimerais mieux nourrir mon caniche avec des tripes au lieu de lui donner de la crème et des fricassées de poulet, que de devenir un instrument entre les mains de gens comme Lincoln et Lesborough ; songez donc, des hommes qui parlent beaucoup et ne font rien, qui ajoutent l’ignorance de tous les principes de la législation, à l’indifférence pour tout ce qui est dans l’intérêt du peuple, qui sont pleins de vieux dictons et ne sauraient citer un exemple moderne, qui veulent niveler ce qui est en haut et foulent aux pieds ce qui est en bas. Mais ces gens-là ne feraient pas plus de cas de l’habileté dont vous me gratifiez, que le chasseur qui se sert du furet, lequel s’élance avec plaisir dans les terriers, et se fait destructeur pour le compte de son maître. Votre parti ne peut pas tenir. »

Vincent devint pâle.

« Et depuis quand, me dit-il, avez-vous appris les principes de la législation, et conçu ce louable zèle pour les intérêts du peuple ?

— Depuis, lui dis-je, que j’ai appris quelque chose. La première notion exacte que j’aie acquise est la suivante : C’est que mon intérêt est intimement lié à celui des êtres parmi lesquels je cours la chance d’être relégué. Si je leur nuis, je me nuis à moi-même, si je leur fais du bien, j’en profite en commun avec eux. Maintenant comme j’ai une grande affection pour le personnage qui a, en ce moment,