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CHAPITRE XLIV


Je me rappelle bien de quels sentiments j’étais animé, lorsque j’entrai à Londres et que je pris possession de l’appartement qui m’avait été préparé chez Mivart. Depuis un an il s’était produit un grand changement dans mon esprit ; j’avais cessé de regarder le plaisir comme un but ; j’en recherchais plutôt maintenant les jouissances comme un moyen puissant de faire mon chemin dans le monde. Je n’étais pas moins fat qu’avant, ni moins délicat sur l’article des chevaux et de la toilette ; mais je m’étais placé, dans mon dandysme, à un tout autre point de vue qu’auparavant. Sous une apparente insouciance, je cachais un esprit pénétrant, investigateur ; sous une affectation d’extravagance et une grande légèreté de manières, je dissimulais une ambition sans limites et une résolution qui ne reculait devant aucun moyen.

Je n’avais pas fini de déjeûner, le surlendemain de mon arrivée, lorsqu’on m’annonça M…, tailleur.

« Bonjour, monsieur Pelham ; enchanté de vous voir de retour. Ne suis-je pas venu trop matin ? je vous dérange peut-être ? voulez-vous que je repasse ?

— Non, monsieur, je suis prêt à vous recevoir, vous allez prendre de nouveau ma mesure.

— Vous avez tout à fait bonne mine, monsieur Pelham, tout à fait bonne mine, répliqua le tailleur en m’inspectant de la tête aux pieds, tandis qu’il préparait ses mesures ; nous avons besoin d’un peu de ouate cependant ; il nous