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CHAPITRE XLI


Tu concevras facilement, cher lecteur, toi qui es entièrement dans ma confidence depuis le début de cette histoire, et que je traite en ami et en familier, quoique jusqu’à présent je ne t’aie guère donné sujet de m’estimer beaucoup, tu concevras facilement ma surprise en me trouvant, d’une façon si inattendue, en présence de mon ancien héros de la maison de jeu. Je restai d’abord tout étonné du changement si singulier qui s’était opéré dans sa fortune depuis notre dernière rencontre. Mes pensées me reportèrent immédiatement à cette scène terrible que j’ai racontée, et à ce lien mystérieux qui existait entre Tyrrell et Glanville. Comment celui-ci accueillerait-il la nouvelle de la fortune inespérée de son ennemi ? Sa vengeance était-elle enfin satisfaite, ou bien comment trouverait-il aujourd’hui le moyen de se venger ?

Un millier de pensées analogues m’occupèrent l’esprit jusqu’au matin. Je sonnai alors Bedos et lui dis de me faire la lecture pour m’endormir. Il commença à me lire une pièce de M. Delavigne, et dès les premières lignes de la seconde scène, je faisais mon entrée dans le pays des songes.

Je m’éveillai à deux heures, je m’habillai, pris mon chocolat, et j’étais sur le point de mettre mon chapeau sur ma tête en cherchant le degré d’inclinaison qui allait le mieux à ma figure, quand je reçus le billet suivant :