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CHAPITRE XXXIX


Je ne restai à Londres qu’un jour ou deux. Je ne connaissais pas encore la vie des eaux, et mon goût pour l’observation me rendait très-impatient d’arriver à destination. Aussi au premier beau jour, je partis pour Cheltenham. Je fus très-frappé de l’aspect de cette ville. C’est dans ces rendez-vous des eaux qu’il faudrait amener les étrangers pour leur donner une idée exacte de la magnifique opulence et du luxe universel de l’Angleterre. Notre pays a dans chaque province, ce que la France n’a qu’à Paris, une capitale entièrement consacrée à la gaîté, à l’oisiveté et au plaisir. Londres est trop affairé d’un côté, trop pompeux de l’autre, pour plaire à un étranger qui n’a pas d’excellentes recommandations pour des cercles particuliers. Mais à Brighton, à Cheltenham, à Hastings, à Bath, il peut, comme à Paris, trouver tous les amusements de la société sans connaître une seule personne.

Ma voiture s’arrêta à l’hôtel ***. Un garçon gros et gras avec un pantalon collant à boucles d’or me conduisit à mon appartement. Je me trouvai logé dans une assez belle chambre donnant sur la rue et ornée de deux tableaux représentant des rochers et des rivières avec une superbe nuée de corneilles volant à l’horizon. L’illusion était complète, seulement les oiseaux étaient un peu plus grands que les arbres. Au-dessus de la cheminée où j’espérais trouver une glace, il y avait un grave portrait du général