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Durant les deux dernières années, feu M. Toolington, le candidat de mon oncle, se mourait lentement d’une hydropisie, et les Lufton avaient eu pendant tout ce temps des attentions si particulières pour les honnêtes électeurs du bourg, qu’on les soupçonnait vivement de vouloir tenter un vigoureux effort afin de faire nommer encore un candidat à eux dans les nouvelles élections, ce qui les aurait mis en possession des deux sièges. Depuis un mois, ces soupçons s’étaient changés en certitude. M. Auguste Léopold Lufton, le fils aîné de Benjamin Lufton, avait annoncé publiquement son intention de se présenter pour succéder à M. Toolington ; c’était là l’ennemi contre lequel je devais entrer en ligne.

Telle avait été, en abrégé, l’histoire du bourg, jusqu’au moment où je vins me mêler aux événements. Dès le second jour de mon arrivée au château, l’avertissement suivant parut à Buyemall :

« Aux électeurs indépendants du bourg de Buyemall.

« Messieurs,

« En me présentant devant vous, je prétends à une faveur, qui n’est ni sans précédents ni sans fondement. Ma famille réside, depuis des siècles, au milieu de vous, et n’a jamais cessé d’y jouir de cette influence que doivent donner une confiance naturelle et un échange de bons offices. Si j’avais le bonheur d’être choisi par vous, pour vous représenter, vous pourriez compter sur tous mes efforts pour mériter cet honneur. Un mot sur les principes auxquels je me rallie : Ce sont ceux qui sont professés par les hommes les plus sages et les meilleurs du pays ; ce sont ceux qui également opposés aux empiètements de la couronne et à la licence du peuple, servent le mieux les intérêts du peuple et de la couronne. Voilà, Messieurs, sur quoi je me fonde en aspirant à l’honneur d’obtenir vos suffrages, et c’est avec le plus profond respect pour votre corporation ancienne et honorée, que je signe, votre très-obéissant serviteur,

« Henry Pelham. »