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CHAPITRE XXXIV


Je pense que je puis, sans faire trop de tort au lecteur, passer sous silence les incidents de mon voyage du lendemain, de Calais à Douvres (horrible souvenir !). Je lui épargnerai également le détail des impôts que prélèvent sur les voyageurs les aubergistes entre ce port de mer et Londres. Il n’est pas non plus absolument nécessaire pour le plan de cet ouvrage, de compter toutes les bornes milliaires qu’on rencontre entre la métropole et le château de Glenmorris où ma mère et mon oncle attendaient avec impatience l’arrivée du futur candidat.

Ce fut par un beau soir que je fis mon apparition dans le parc. Il y avait bien des années que je n’étais venu en ce lieu ; et je sentis comme un orgueil de famille s’emparer de moi lorsque je regardai la magnifique étendue de pays, plaines et coteaux, qui se déroula à mes yeux aussitôt que ma voiture eut dépassé la vieille loge du concierge toute tapissée de lierre. De beaux groupes d’arbres se dressaient de chaque côté et semblaient par leur antiquité attester celle de la famille qui les avait plantés ; le soleil dardait sur un lac dormant au pied d’une colline, ses rayons dont la lumière réfléchie par l’écume des ondes se décomposait en mille gouttelettes brillantes comme des saphirs ; les sombres sapins qui bordaient le lac, éclairés par cette riche lumière, semblaient galonnés d’or, et me rappelaient la livrée du duc de ***.

Lorsque je descendis devant la porte du château, les do-