ces derniers est plus générale et souvent meilleure ; l’ouvrage en question est de ceux-ci : vous serez de mon avis quand vous l’aurez lu. »
Randal sourit et prit le volume.
Mistress Dale. « L’auteur est-il enfin connu ?
Randal. J’ai entendu attribuer l’ouvrage à plusieurs écrivains, mais je crois qu’aucun d’eux ne l’a avoué.
M. Dale. Je pense qu’il a été écrit par un de mes anciens amis de l’Université, le professeur Moss, un naturaliste. Les descriptions de la nature y sont si parfaitement exactes !
Mistress Dale. Quoi, Charles, mon ami ! ce professeur si ennuyeux, si prosaïque, toujours barbouillé de tabac ? Comment pouvez-vous avoir une pareille idée ? L’auteur doit être jeune, j’en suis sûre ; il y a dans ce livre une telle fraîcheur de sentiments !
Mistress Hazeldean. L’auteur est jeune, c’est certain.
M. Dale. Je suis convaincu du contraire. Le ton de l’ouvrage est trop serein, le style en est trop simple pour un jeune homme. En outre, je ne connais pas de jeune homme qui m’envoie ses ouvrages, et ce livre m’a été envoyé, et très-bien relié comme vous voyez. Soyez sûrs que Moss en est l’auteur, c’est tout à fait sa tournure d’esprit.
Mistress Dale. Vous êtes vraiment impatientant, Charles, mon ami ! M. Moss est si laid !
Randal. Un auteur est-il donc tenu d’être beau ?
M. Dale. Ha, ha ! Répondez à cela si vous pouvez, Carry. »
Carry garde un silence dédaigneux.
Le squire. « Je ne crois pas que ce soit un ouvrage bien profond, n’importe qui l’a écrit, car je l’ai lu d’un bout à l’autre et j’ai tout compris.
Mistress Dale. Je ne vois pas ce qui vous fait supposer qu’il ait été écrit par un homme quelconque ; pour ma part, je crois qu’il est d’une femme.
Mistress Hazeldean. Oui, il y a un passage sur l’amour maternel qu’une femme seule peut avoir écrit.
M. Dale. Je voudrais connaître la femme capable d’écrire cette description d’une soirée d’août avant l’orage ; les moindres fleurs sauvages sont toutes des fleurs du mois d’août, chaque signe de l’air est exactement celui de la saison. Ne voyez-vous pas qu’une femme aurait semé les haies de violettes et de primevères ? Moss seul a pu faire cette description.
Le squire. Je ne sais trop : Il y a une comparaison au sujet du blé qu’or perd en semant à la main, qui me ferait croire que l’ouvrage est d’un agriculteur.
Mistress Dale (avec dédain). Un fermier ! En souliers ferrés probablement ! Je vous dis qu’il est d’une femme.
Mistress Hazeldean. Oui, d’une femme et d’une mère !
M. Dale. Il est d’un homme mûr et d’un naturaliste.
Le squire. Non, non ! curé, il est certainement d’un jeune homme,