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como dont la visage s’éclaircit. Ah ! s’il était seulement en Angleterre ! Mais vous nous informerez de son retour ?

— Certainement, Maintenant dites-moi, Giacomo, ce comte est-il donc si audacieux et si à craindre ?

— Il n’a ni cœur, ni conscience,

— C’est là de quoi le rendre dangereux pour les hommes… et peut-être encore plus pour les femmes. Croyez-vous possible, que s’il avait une entrevue avec la signora, il obtînt ses affections ? »

Giacomo se signa rapidement, et ne répondit pas.

« J’ai entendu dire qu’il est encore très-beau, continua Randal. »

Giacomo poussa un gémissement. Randal reprit :

« Cela suffit ; persuadez à votre maître de venir à Londres.

— Mais si le comte est lui-même en ville ?

— Peu importe, une grande ville est toujours la retraite la plus sûre. Partout ailleurs, un étranger est un objet d’attention et de curiosité.

— C’est vrai.

— Que votre maître s’établisse donc à Londres ou plutôt dans les environs. Il pourra se fixer dans l’un des faubourgs les plus éloignés des quartiers que fréquente le comte. Dans deux jours je lui aurai trouvé une maison et je lui écrirai. Vous fiez-vous à moi maintenant ?

— Oui, certes, excellence. Ah ! si la signorina était mariée, nous n’aurions plus peur de rien.

— Mariée ? Mais elle a de grandes prétentions !

— Hélas ! pas maintenant, pas ici. »

Randal soupira profondément. Les yeux de Giacomo étincelèrent ; il crut avoir découvert le véritable motif de l’intérêt que leur témoignait Randal, et ce motif était, aux yeux d’un Italien, le plus naturel et le plus louable de tous.

« Trouvez une maison, signor ; écrivez au padrone. Il viendra ; je l’y déciderai, je sais comment il faut le prendre. — Bienheureux saint Jacques, il faut aujourd’hui te mettre en mouvement, il y a longtemps que je ne t’ai dérangé. »

Et Giacomo s’en alla à grands pas, souriant et se parlant à lui-même.

Le premier coup du dîner sonna, et en entrant dans le salon, Randal y trouva le ministre Dale, qu’on avait invité à la hâte pour tenir compagnie au visiteur inattendu.

Après les compliments d’usage, M. Dale profita de l’absence du squire pour s’informer de la santé de M. Egerton.

« Il se porte toujours bien, dit Randal. Je crois qu’il est de fer.

— Son cœur est d’or, dit le ministre.

— Ah ! fit Randal avec curiosité, vous avez eu, je crois, des relations avec lui au sujet d’un de vos anciens paroissiens de Lansmere ? »

Le ministre fit un signe affirmatif, et il y eut un moment de silence.