Frank prit la main qui lui était tendue et passa tout à coup son bras autour du cou de son père.
« Oh ! monsieur, vous êtes trop bon, mille fois trop bon. » Sa voix tremblait tellement que Randal eut peur ; il passa près de lui et lui toucha le coude d’une manière significative.
Le squire pressa son fils sur sa large poitrine.
« Mon cher Frank, dit-il presque en sanglotant, ce n’est pas pour l’argent ; mais, vois-tu, cela fait tant de peine à ta pauvre mère ! Tu seras plus raisonnable à l’avenir. Et, que diable, mon fils, tout cela te reviendra un jour ; seulement, ne calcule pas là-dessus, je ne pourrais le supporter… Non. vraiment, je ne pourrais supporter cette idée-là.
— Calculer ! s’écria Frank ; ah ! mon père, pouvez-vous le penser ?
— Je suis bien heureux d’avoir quelque peu contribué à votre complète réconciliation avec votre père, dit Randal à son ami en sortant de l’hôtel. J’ai vu que vous étiez affligé, et je lui ai dit de vous parler avec bonté.
— Vous le lui avez dit… Ah ! je regrette qu’il ait fallu le lui dire.
— Je connais si bien son caractère maintenant, dit Randal, que je suis sûr de pouvoir toujours tout arranger convenablement entre vous deux. Quel excellent homme !
— Oh ! le meilleur des hommes ! » s’écria Frank ; puis, baissant la voix, il ajouta : « Et pourtant, je l’ai trompé. J’ai presque envie de retourner…
— Il croirait que vous ne vous êtes montré si tendre que pour lui soutirer de l’argent. Non, non, Frank, soyez raisonnable ; économisez, et puis alors vous lui direz que vous avez payé la moitié de vos dettes. Ce sera d’un noble cœur.
— Eh bien ! soit. Vous avez le cœur aussi bon que la tête. Bonsoir.
— Quoi ! vous rentrez chez vous de si bonne heure ! N’avez-vous aucun engagement ?
— Non, aucun que je doive tenir.
— Alors, bonsoir !… »
Ils se séparèrent, et Randal se rendit à l’un des clubs à la mode. Il s’approcha d’une table où trois ou quatre jeunes gens (cadets de famille qui menaient grand train, Dieu sait comment !) étaient réunis à boire et à causer.
Leslie connaissait peu ces jeunes gens, mais il s’efforçait d’être aimable avec eux pour se conformer à un excellent avis que lui avait donné Audley Egerton : « Faites en sorte que les dandys ne vous qualifient jamais de pédant, lui avait dit l’homme d’État. Bien des gens échouent pour avoir été tournés en ridicule par des sots dont un seul mot dit à propos aurait pu faire leurs claqueurs. Quoi que vous fassiez, évitez la faute de la plupart des hommes instruits ; ne soyez pas pédant.
— Je viens de quitter Hazeldean, dit Randal. Quel brave garçon !
— Excellent ! dit l’honorable George Borrowell. Où est-il ?…
— Il est rentré chez lui. Il a eu une petite scène avec son père, un franc et rude squire de campagne. Ce serait un acte de charité d’aller