contingent à la bourse commune. Tout entière à cette idée, elle se décida à la mettre à exécution la veille du jour où Léonard lui avait dit que Burley devait changer de logement. Elle se leva de très-bonne heure ; elle écrivit à miss Starke, qui était encore couchée, une lettre pleine de reconnaissance ; elle la laissa sur la table, et, avant que personne fût levé, elle sortit furtivement de la maison, emportant un petit paquet sous son bras. Elle s’arrêta un moment à la porte du jardin, comme en proie à un sentiment de remords. Elle se demanda si elle n’était pas ingrate envers miss Starke ; mais l’amour fraternel l’emporta ; elle ferma la porte du jardin en poussant un soupir et s’éloigna.
Elle arriva au logement garni avant le lever de Léonard, prit possession de son ancienne petite chambre, et se présentant au jeune homme au moment où il allait sortir, elle lui dit (la menteuse !) : « On m’a renvoyée, mon frère, et je suis venue réclamer votre protection. Ne nous séparons plus. Il faut que vous vous montriez gai et heureux, ou je croirai que ma présence vous gêne. »
Léonard, en effet, parut d’abord gai et heureux ; mais il songea bientôt à Burley, et puis à la difficulté de se charger d’Hélène, et il fut embarrassé. Il lui demanda alors s’il n’y aurait pas moyen de la réconcilier avec miss Starke. Hélène dit gravement :
« C’est impossible… ne me le demandes pas, je vous en prie. »
Léonard pensa qu’elle avait été humiliée, insultée ; il se rappela qu’elle était fille d’un gentleman, et il souffrit de sa blessure ; il était si fier lui-même ! Néanmoins, il était fort embarrassé.
« Serai-je encore dépositaire de la bourse, Léonard ? demanda Hélène d’un ton câlin.
— Hélas ! répondit Léonard, la bourse est vide.
— C’est fort mal à elle, car vous l’avez remplie.
— Moi ?
— Ne m’avez-vous pas dit que vous gagniez au moins une guinée par semaine ?
— Oui ; mais Burley prend l’argent ; et puis, ce pauvre garçon, je lui dois tout, je n’ai pas le cœur de l’empêcher de le dépenser comme il lui plaît.
— Monsieur, vous plairait-il de me payer le mois de loyer ? » dit la maîtresse de la maison rentrant tout à coup.
Léonard rougit.
« Je vous payerai aujourd’hui même, » dit-il.
Il enfonça son chapeau sur sa tête, et, écartant Hélène, il sortit brusquement.
« Adressez-vous à moi à l’avenir, ma bonne madame Smedley, dit Hélène d’un air de maîtresse de maison. Il est toujours absorbé dans ses études, et il ne faut pas le troubler. »
L’hôtesse, brave femme au fond, quoique tenant à son terme, sourit avec bonté. Elle aimait beaucoup Hélène, qu’elle connaissait depuis longtemps.
« Je suis bien aise que voue soyez revenue. Peut-être maintenant