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MON ROMAN.




LIVRE I.


CHAPITRE I.

« On n’a jamais eu l’occasion de s’en servir depuis que je suis dans la paroisse, dit le curé Dale.

— Qu’est-ce que cela prouve ? dit sèchement le squire en regardant le curé entre les deux yeux.

— Ce que cela prouve ? répéta M. Dale avec un sourire de bonhomie, qui trahissait cependant un peu trop de confiance dans sa supériorité. Et que prouve l’expérience, s’il vous plaît ?

— Que vos aïeux étaient de grands fous, et que leur petit-fils n’est guère plus sage.

— Squire, répliqua le curé, quoique ceci soit une triste conclusion, si vos paroles s’appliquent à tout le monde sans exception, et non aux Dale en particulier, elles ne sont pas de celles que ma sincérité comme logicien et mon humilité comme mortel me permettent de réfuter.

— Je vous en défie, dit M. Hazeldean, d’un ton triomphant. Mais pour rester dans la question (ce qui est terriblement difficile avec un curé), je vous prie seulement de regarder là-bas, et de me dire, en conscience, je ne dis pas même comme prêtre, mais comme simple paroissien, si vous avez jamais vu de spectacle plus honteux ? »

Et le squire, s’appuyant lourdement sur l’épaule gauche du curé, étendit sa canne en ligne parallèle avec l’œil droit de l’ecclésiastique disputeur, de façon à lui faire diriger sa vue vers l’objet qu’il avait décrit d’une façon si peu flatteuse.

« J’avoue, dit le curé, qu’aux yeux du premier venu c’est un objet qui, dans ses meilleurs jours, avait peu de prétentions à la beauté, et que l’abandon et la ruine n’ont pas rendu plus pittores-