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Audley se leva en disant ces mots ; puis, restant debout près du siège de la marquise, il ajouta négligemment :

« À propos, la somme que vous me faites l’honneur de m’emprunter sera demain chez votre banquier.

— Mille remercîments. Mon frère s’empressera de vous la rendre. »

Audley s’inclina.

« Votre frère, je l’espère, me la rendra en personne, pas plus tôt. Quand vient-il ?

— Oh ! il a encore remis sa visite à Londres. On a tant besoin de lui à Vienne ! Mais, puisque nous parlons de lui, permettez-moi de vous demander si votre ami, lord L’Estrange, conserve toujours rancune à mon pauvre frère.

— Toujours !

— C’est honteux, s’écria l’Italienne avec emportement. Que lui a fait mon frère pour qu’il excite sans cesse des intrigues contre lui à la cour d’Autriche ?

— Des intrigues ? Je crois que vous faites injure à lord L’Estrange ; il n’a fait que présenter, en faveur d’un proscrit ruiné, des observations qui lui ont paru justes.

— Et vous ne voulez pas me dire où est cet exilé, ni si sa fille vit encore ?

— Ma chère marquise, je vous ai appelée mon amie, par conséquent je n’aiderai pas lord L’Estrange à nuire à vous ni aux vôtres ; mais L’Estrange est aussi mon ami, et je ne puis donc pas tromper la confiance que… » Audley s’arrêta court et se mordit les lèvres. « Vous me comprenez, » reprit-il en donnant à son sourire plus d’animation qu’à l’ordinaire.

Puis il s’éloigna.

L’Italienne fronça le sourcil et le suivit du regard. Elle se leva, et, au même moment, son œil rencontra celui de Randal.

« Ce jeune homme a le regard d’un Italien, » se dit la marquise en passant près de lui pour entrer dans la salle de danse.


CHAPITRE XLIX.

Léonard et Hélène avaient élu domicile dans une petite ruelle où ils habitaient deux petites chambres. Le quartier était pauvre, le logement des plus modeste ; mais leur hôtesse était bienveillante. C’était peut-être la raison qui avait fait choisir ce logement à Hélène : on ne trouve pas souvent de propriétaire amicale et souriante, quand on est pauvre. Puis de leurs fenêtres ils apercevaient un grand arbre, un orme magnifique, qui s’élevait dans la cour d’un char-