Il revint près de l’enfant toujours agenouillée, la prit dans ses bras et l’embrassa. « Corbleu ! dit-il avec colère, en la posant par terre, allez vous coucher ; maintenant, nous n’avons plus besoin de vous.
— Pardon, monsieur, dit Hélène, mais je ne le quitterai pas ainsi. S’il s’éveillait il me chercherait. »
La main du docteur trembla ; il eut de nouveau recours à ses globules. « Inquiétude… douleur contenue… murmura-t-il. N’avez-vous pas besoin de pleurer, mon enfant ? Pleurez, voyons !…
— Je ne puis pas, murmura Hélène.
— Pulsatilla ! dit le docteur, d’un ton triomphant. Je l’avais dit du premier coup. Ouvrez la bouche… là !… maintenant… bonne nuit. Ma chambre est tout en face, au numéro 6. Appelez-moi, s’il s’éveille. »
CHAPITRE XXXI.
À sept heures le docteur Dosewell arriva et fut introduit dans la chambre de l’homœopathe, qui, déjà levé et habillé, avait visité son malade.
« Je me nomme Morgan, dit l’homœopathe, je suis médecin, je remets entre vos mains un malade, que ni vous ni moi, je le crains, ne pouvons guérir. Venez le voir. »
Les deux docteurs entrèrent dans la chambre du malade. M. Digby était très-faible, mais il avait repris sa connaissance et inclina poliment la tête.
« Je regrette de vous donner tant de peine, » dit-il.
L’homœopathe éloigna Hélène ; l’allopathe s’assit près du lit, adressa quelques questions au malade, lui tâta le pouls, l’ausculta, et regarda sa langue. Les yeux d’Hélène étaient fixés sur le médecin étranger, et ses joues se colorèrent, ses yeux brillèrent quand il dit assez gaiement : « On peut vous donner du thé.
— Du thé ! murmura l’homœopathe, barbare !
— Il va mieux alors, monsieur ? dit Hélène en se glissant près de l’allopathe.
— Oh ! oui, mon enfant… certainement ; et nous le guérirons, j’espère. »
Puis les deux médecins se retirèrent.
« Il en a pour une semaine ! dit le docteur, souriant agréablement, et laissant voir deux belles rangées de dents blanches.
— J’aurais dit un mois ; mais nos systèmes sont différents, répliqua le docteur Morgan, sèchement.
Le docteur Dosewell (poliment). Nous autres médecins de cam-