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La demeure de miss Lester était située à l’autre bout de la ville. C’était la maison où son père avait passé ses derniers jours, elle avait continué à l’habiter, quand il lui avait laissé par sa mort un petit revenu, et Walter, alors à l’étranger, avait trouvé moyen de lui persuader de l’accroître quelque peu. C’était une petite construction isolée de tous les côtés, à peu de distance de la route ; Walter s’arrêta quelques instants devant la porte du jardin, et regarda autour de lui avant de suivre son jeune guide ; celui-ci franchit en courant l’allée sablée qui conduisait à la porte d’entrée ; alors il tira la sonnette et demanda si miss Lester était chez elle.

Le jeune homme fut laissé seul quelques instants dans un petit salon ; il en fut bien aise, car il lui fallait le temps de se remettre de l’émotion violente que lui causait le passé, dont les souvenirs l’assaillaient en foule. Puis… ce fut Éléonore elle-même qu’il eut devant les yeux. Changée, elle l’était certainement : la fillette s’était épanouie en une belle jeune fille. Changée, elle l’était sans doute : l’élan n’animait plus son pas auquel jadis l’espérance donnait une rapidité élastique. La vivacité de ses yeux noirs jadis si mobiles s’était atténuée en un éclat doux et calme ; la richesse de son teint avait fait place à une nuance éclatante, quoique d’un charme égal, et nous ne saurions mieux faire que de la décrire ainsi :

Et les années s’étaient écoulées, quand ils se revirent.
Depuis cette époque le vent avait balayé les fleurs ;