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récit quelque sotte satire contre la race à laquelle j’appartiens. J’ai au contraire tâché de faire comprendre que les principes qui régissent le système social des Vril-ya l’empêchent de produire ces exemples de grandeur humaine qui remplissent les annales du monde supérieur. Dans un pays où on ne fait pas la guerre, il ne peut y avoir d’Annibal, de Washington, de Jackson, de Sheridan. Dans un État où tout le monde est si heureux qu’on ne craint aucun danger et qu’on ne désire aucun changement, on ne peut voir ni Démosthène, ni Webster, ni Sumner, ni Wendel Holmes, ni Butler. Dans une société où l’on arrive à un degré de moralité qui exclut les crimes et les douleurs, d’où la tragédie tire les éléments de la crainte et de la pitié, où il n’y a ni vices, ni folies, auxquels la comédie puisse prodiguer les traits de sa satire comique, un tel pays perd toute chance de produire un Shakespeare, un Molière, une Mrs. Beecher Stowe. Mais si je ne veux pas critiquer mes semblables en montrant combien les motifs, qui stimulent l’activité et l’ambition des individus dans une société de luttes et de dis-