Page:Bulwer-Lytton - La Race future, 1888.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Cela se peut ; mais je suppose que les écrivains travaillent beaucoup leur langue et s’appliquent avec un soin religieux au choix des mots et à la perfection du rythme ?

— Certainement, tous les grands poètes le doivent. Quoique le don de la poésie soit inné, ce don exige, pour qu’on en puisse profiter, autant de travail qu’un bloc de métal dont vous voulez faire une de vos machines.

— Et sans doute vos poètes ont quelque motif pour se donner tant de peine afin d’arriver à ces gentillesses de langage ?

— Oui ! je suppose que leur instinct les porterait à chanter comme chantent les oiseaux ; mais s’ils donnent à leurs chants ces beautés artificielles d’expression, je pense qu’ils y sont poussés par le désir de la gloire, et peut-être parfois par le besoin d’argent.

— Précisément. Mais dans notre monde nous n’attachons la gloire à rien de ce que l’homme peut accomplir dans ce temps que nous appelons la vie. Nous perdrions bientôt cette quiétude, qui constitue essentiellement notre félicité, si nous accordions à tel ou tel individu des louanges