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Parfois, quand nous sommes fatigués, quand nous sommes indignés, quand nous sommes découragés, nous rêvons un monde meilleur, où le travail soit facile, où l’on n’éprouve point de désir qui ne soit satisfait, et d’où l’injustice soit rigoureusement bannie. C’est ainsi que le matelot, las d’être ballotté par les vagues, rêve les loisirs et la sécurité de la terre ferme ; mais dès qu’il se sera refait, il voudra de nouveau s’embarquer : le danger et la peine l’attirent bien vite ; s’il se résigne à ne plus quitter le sol, c’est qu’il est vieux et usé. Quand les années l’attacheront au rivage, il enviera le sort de ses enfants ; il enviera leurs souffrances et leurs périls, leurs courtes joies et leurs longs labeurs. Il rêvera encore, mais avec tristesse, avec de poignants regrets : il rêvera au temps où il hasardait sa vie pour conquérir ce repos maintenant odieux.