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suppose l’effort et la lutte : or il n’y a pas d’effort sans obstacle, de lutte sans adversaire. Nous ne pouvons pas, tels que nous sommes, imaginer la félicité dans le repos perpétuel, sans combat et sans risque, c’est-à-dire sans le mal. Une société pourvue d’institutions et de mœurs idéales, supprimant ou réduisant à l’extrême le risque et le mal, assurerait à ses membres un bonheur que notre raison peut à la rigueur concevoir, mais qui échappe complètement à notre imagination. Supprimez par la pensée le chien, le loup et le boucher ; supposez un printemps perpétuel et des prés toujours verts sous un soleil toujours modéré : les moutons ne nous feront pas encore envie. Or on a beau faire : il y a toujours dans le paradis un peu de moutonnerie, même quand on y met beaucoup de musique, beaucoup de parfums, et toutes les merveilles de la mécanique.