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pas à la plupart des jeunes gens de talent. Il lui faut de l’activité, des aventures, du mouvement selon son goût, sans quoi ce sera toute sa vie un indolent rêveur, ou un inutile enthousiaste. Laissez-le faire… Voilà donc Cuthbert entré dans la garde ?

— Oui, mais il avait commencé par aller à Oxford.

— Ah !… C’est un bien beau jeune homme.

— Pas si grand qu’Ernest, mais…

— Il a une plus belle figure, dit Cleveland. C’est un fils dont vous devez être fier, comme vous le serez j’espère d’Ernest… Voulez-vous me faire voir votre nouveau cheval de chasse ? »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ce fut vers la maison de ce gentilhomme, si judicieusement choisi pour être son tuteur, que se dirigea tristement l’étudiant de Göttingen.


CHAPITRE XIII.

Mais s’il vous plaît de prendre un peu d’exercice, afin de donner un nouveau prix à votre bien-être, ce n’est point défendu en ces lieux ; dans les bosquets vous pouvez courtiser la muse, cultiver des fleurs, et parer l’année nouvelle.
(Le Château de l’indolence.)

La maison de M. Cleveland était une villa italienne accommodée au climat de l’Angleterre. À travers une arche d’architecture ionique on arrivait à un domaine d’environ quatre-vingts à cent arpents, si bien planté, et disposé avec tant d’art, qu’il semblait que les murailles invisibles dussent environner un espace beaucoup plus étendu. La route serpentait au travers des pelouses les plus vertes, et au milieu des arbres d’une stature vénérable, et des massifs de buissons. Des fleurs, réunies dans des corbeilles entrelacées de plantes grimpantes, ou dans des vases classiques, étaient disposées avec goût dans tous les endroits qui demandaient ces remplissages, et avec lesquels ils s’harmonisaient le mieux. Il n’y avait pas un vieux tronc étouffé par le lierre, pas un humble et flexible saule pleu-