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de moi ? « Nous apprenons que des changements importants vont avoir lieu dans le gouvernement ; on dit que les ministres reconnaissent enfin la nécessité de fortifier leur cause en s’assurant le concours de talents nouveaux. Parmi les nominations, dont on parle avec certitude dans les réunions le mieux informées, nous apprenons que lord Vargrave doit avoir la place de… Cette nomination obtiendra l’assentiment général. Lord Vargrave n’est pas un orateur qui éblouit ; ce n’est pas un rhétoricien déclamateur. C’est un homme qui a des vues saines et pratiques, qui possède l’entente des affaires, et qui jouissait d’une grande considération à la Chambre des communes. Il possédait aussi l’art de s’attacher des amis, et son caractère mâle et franc ne peut manquer de produire un bon effet sur l’esprit du public anglais. Nos lecteurs trouveront dans une autre colonne de ce journal la reproduction entière de l’excellent discours de réception qu’il a prononcé à la Chambre des lords, vendredi dernier. Les sentiments qui y sont exprimés font le plus grand honneur au patriotisme et au jugement de lord Vargrave »

« Voilà qui est bien !… très-bien, vraiment ! » dit Lumley en se frottant les mains. Il revint à ses lettres, et son attention fut attirée par l’une d’elles, revêtue d’un énorme cachet, et portant ces mots : « personnelle et confidentielle. » Il savait, sans l’ouvrir, qu’elle contenait l’offre de la nomination dont parlait le journal. Il la lut, et se leva d’un air triomphant. Il passa dans le jardin, pour aller rejoindre lady Vargrave et Évelyn sur la pelouse. Là, tandis qu’il souriait à la mère et caressait l’enfant, cette scène et ce groupe formaient un charmant tableau du bonheur domestique d’un intérieur anglais.

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Ici se termine la première partie de cet ouvrage ; elle a pour bornes l’horizon qu’on aperçoit, lorsqu’on regarde le monde pratique avec les yeux extérieurs plutôt qu’avec ceux de l’esprit, et que l’on considère une vie dont la justice n’est point satisfaite : car la vie ne se voit ainsi que par fragments ; l’influence de la destinée semble bien peu de chose sur l’homme qui n’a que des torts d’égoïste, et qui sait toujours faire tourner le mal lui-même à son profit personnel. Mais le destin jette une ombre bien vaste sur le cœur qui ne s’égare qu’en se hasardant au dehors, et ne trouve que dans les autres les sources de la douleur et de la joie.

Va ! Maltravers, va seul, sans amis, loin de ta patrie, toi